Auteure, journaliste, conférencière, facilitatrice, passeuse… Frederika Van Ingen est une « chercheuse éclaireuse » qui, en quête de sens, est allée puisée aux sources des sagesses des peuples racines pour répondre à sa soif de reliance et connexion sensible au Vivant. Elle est l’autrice de plusieurs ouvrages qui explorent en profondeur les philosophies, les modes de vie, les rituels… de certains peuples et nous offre, à travers son remarquable travail, des pistes de guérison pour notre société en perte de repères.
“Grandir au cœur de la nature m’a éveillée à sa puissance. Parallèlement, quelques épreuves sur mon parcours de vie m’ont invitée à devenir une chercheuse de sens. La rencontre avec les sagesses des peuples racines m’a permis d’éclairer en quoi nos liens avec cette nature, autour de soi comme en soi, sont essentiels. Elles ont apporté des réponses aux questions de sens que je me posais, et les pratiques qui en sont issues m’ont aidée à soigner nombre de blessures générées par ce chemin.
En tant que journaliste, j’ai naturellement tourné ma plume vers l’écologie, la science et la médecine pour étudier le vivant et vers la psychologie des humains et leur écologie intérieure pour comprendre ce même vivant qui nous anime, avant de découvrir tous ces aspects réunis depuis des millénaires avec une grande cohérence dans la vision des peuples racines !
‣ est journaliste, auteure, passeuse, elle concentre sa recherche sur les façons dont les sagesses et philosophies racines peuvent nous réinspirer. Elle anime le « Cercle des Passeurs ».
Au point de convergence entre ces visions du monde et de la vie, j’explore, rassemble et transmets, les façons dont elles peuvent nous réinspirer.
Cela m’a conduite à rassembler dans mes livres ce que ces visions du monde qui soutiennent la vie ont en commun, pour réinspirer les nôtres.” Frederika nous offre ici un extrait de son dernier ouvrage Et si la Terre nous parlait autour de “l’équilibre du féminin et du masculin”
Il existe des sociétés humaines qui n’ont pas de mot pour dire « ennemi ». Où la liberté est un principe inhérent à la vie. Où le mot richesse signifie « préserver l’eau pure ». Où les chefs n’ont pas le pouvoir. Où les champs ont un cœur. Où les enfants ne font pas de crises d’opposition. Où les notions de passé, de futur, s’inversent, ou parfois sont absentes. Où le « je » n’existe pas sans le « nous ». Où l’être humain apprend à devenir un don, un remède, pour la nature. Bien plus que des étrangetés, ces particularités nous indiquent d’autres façons possibles d’être au monde, d’autres modes de relation. Elles traduisent en réalité une connaissance profonde du fonctionnement de la vie, des écosystèmes, et une capacité à s’y inclure que nos sociétés ont perdu.
Et si la Terre nous parlait aux éditions Les Liens qui Libèrent
À l’écoute de la Terre depuis leurs origines, les cultures ancestrales des peuples racines portent en elles le sens de ce que signifie « être humain » : faire société pour contribuer aux équilibres de la vie.
Face à nos crises écologiques, sociales, politiques et philosophiques majeures, elles sont sources d’inspiration. À travers des exemples issus de ces peuples, ce livre propose huit lois ou principes inspirés de leurs visions du monde, pour régénérer, en nous et entre nous, une culture symbiotique.
Beaucoup de philosophies des peuples racines considèrent que l’équilibre féminin-masculin est à la base de tous les équilibres. Parce qu’elles donnent et portent la vie, les femmes en sont aussi les gardiennes, protectrices de la Terre. Dans ces visions, pour que la vie émerge et se maintienne, ce sont deux énergies qui doivent pouvoir se compléter. Dans leur perception fractale du monde et parce que de leur rencontre naît la vie, les traditions racines considèrent qu’elles se manifestent dans tout, et dans toute forme de vie. Dans les représentations autochtones, la pluie, le vent, les rivières, selon leur aspect, portent des énergies féminines ou masculines. Celles-ci sont aussi présentes en chacun d’entre nous, au-delà de notre genre. Et de l’équilibre que nous parvenons à instaurer entre les deux en nous-mêmes dépend notre propre harmonie. Idée que le psychiatre Carl Gustav Jung a développé dans notre culture avec les concepts d’animus et d’anima.
Pour accompagner notre monde en transition, lui redonner sens et souffle, les sagesses des peuples racines recèlent des clés essentielles.
Chez les Kagaba, les femmes représentent l’eau, le principe féminin nécessaire à la reproduction de la vie. L’eau elle-même représente la pensée et est reliée à Aluna, aspect féminin de la «pensée-potentiel-esprit» qui précède le monde manifesté, et donc la terre. Ce sont les femmes qui «pensent» l’eau et l’écoutent. Maltraiter les femmes, pour eux, c’est maltraiter la vie. Dans la vision des Dinés, l’énergie Hozho, celle qui réintègre l’harmonie, est féminine et l’énergie masculine, Naayee, travaille à son service. Si ce dernier n’est pas contrebalancé par sa complémentaire, il agit par nature dans l’opposition et l’harmonie n’est pas possible. Dans ces compréhensions du monde, la conscience de ces énergies et de leur complémentarité est un préalable à l’équilibre, à la vie, et leur déséquilibre peut engendrer la destruction.
Pour les Kagaba, les Dinés, les Lakota, les Maasaï, notamment, les crises écologiques et sociétales que nous rencontrons aujourd’hui sont liées à un déséquilibre de ces énergies, à la prédominance dans les sociétés modernes des énergies masculines.
Je ne parle pas ici d’hommes et de femmes, car les deux énergies sont en chacun et peuvent aussi prédominer indépendamment du genre. mais collectivement, nos sociétés ont surtout valorisé des énergies masculines. Cela se manifeste dans le fait qu’elles se focalisent sur les réalisations extérieures, l’efficacité, la productivité, l’action, la force, le contrôle, la réalisation d’objectifs, au détriment des énergies féminines que traduisent l’écoute, l’attention, l’accueil, la vulnérabilité, la générosité, la patience, le mouvement, la paix intérieure...
De ce point de vue, le long chemin de reconnaissance de la place des femmes dans nos sociétés patriarcales est aussi à considérer comme un symptôme de ce déséquilibre.
Dans les sociétés racines, de multiples modèles sociaux existent et la place qu’y occupent concrètement les femmes varie selon les peuples. Tous les modèles existent dans ces sociétés, certains inspirants, et d’autres peu enviables. Mais souvent, la place qu’y occupent les femmes est en lien avec la terre, et la place essentielle des rôles afférents y est reconnue. Et dès lors que la question de la domination patriarcale ne s’est pas posée dans ces sociétés, les femmes semblent le vivre dans la sérénité, et la complémentarité des rôles semble fonctionner « organiquement ».
Cependant, notamment dans les sociétés autochtones nord-américaines, elles sont toujours considérées et respectées comme celles qui portent le principe de vie et le transmettent, ce qui se traduit aussi, dans les sociétés matrilinéaires, par le fait qu’elles sont les gardiennes et protectrices de la terre.
Si les rôles de genre y sont souvent socialement différenciés, ils sont aussi considérés comme complémentaires. Parce qu’elles considèrent l’énergie séparément du genre, certaines sociétés autochtones d’Amérique du Nord ont aussi intégré la notion de «bispiritualité», c’est-à-dire le fait d’exprimer une énergie différente de celle qu’indique le corps biologique. L’essentiel étant toujours de chercher, en soi-même, que l’on soit homme ou femme, le bon équilibre entre ces deux énergies.
<aside> 🌿 Rendez-vous sur le site de Frederika et du Cercle des Passeurs
Frédérika a créé le Cercle des Passeurs en 2017, suite à la publication de son livre « Sagesses d’ailleurs pour vivre aujourd’hui », pour proposer à d’autres de vivre les sagesses et savoirs issus des peuples racines, à travers des propositions de passeurs d’ici, qui font le lien avec ces cultures et/ou qui s’en inspirent.
Le Cercle des Passeurs ouvre des espaces pour explorer, à travers l’expérience, comment transposer les sagesses issues des peuples racines dans nos vies, pour y ramener plus de sens, d’équilibre, de joie.
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Comment s’inspirer des sagesses des peuples racines pour restaurer nos équilibres et apprendre à fonctionner ensemble ? Les sagesses ancestrales nous invitent à sortir du cadre uniquement humain limité et en lutte contre le Vivant pour se réinscrire dans son mouvement fertile. Elles invitent aussi à réveiller nos liens physiques à ce monde vivant, à travers des pratiques simples et essentielles, favorisant mieux-être, qualité des relations et conscience collective, qui nourrissent une autre posture au monde, enracinée et symbiotique, en lien avec nos territoires. Une posture nécessaire à réinvestir pour que nos changements soient soutenus par le vivant et se réinscrivent dans une spirale dynamique. À travers ses conférences et ateliers, Fréderika propose d’explorer des clés issues des sagesses des peuples racines, et d’expérimenter ensemble pour les transposer et dessiner de nouvelles voies symbiotiques à mettre en œuvre.